Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/92

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Ne laissait que poussière et cendre dans mes mains,
Puisque j’étais en proie à tant de lendemains,
Il fallait un nouvel aliment à ma vie.
Je cherchai quel désir, quel rêve, quelle envie
Pourrait combler les jours de mon éternité.
Je ne vis que l’amour et que la volupté !
Je m’y ruai ; — J’appris l’art vulgaire et facile
De surprendre un cœur jeune, innocent et tranquille,
D’inspirer la pitié, cette aube de l’amour,
Puis l’amour radieux qui se lève à son tour ;
Enfin la passion, cet orage de l’âme
Qui s’éteint dans les pleurs et dans les pleurs s’enflamme.
La volupté m’apprit ses plus secrets transports.
Je voulus m’y plonger tout entier, âme et corps ;
J’essayai d’étourdir mon esprit à la gêne
Dans cette passion unique et souveraine.