Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/12

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On juge bien qu'étant à telle école
point ne manquoit du don de la parole ;
l'oiseau disert, hormis dans les repas,
tel qu'une none il ne déparloit pas :
bien est-il vrai qu'il parloit comme un livre,
toûjours d'un ton confit en sçavoir vivre.
Il n'étoit point de ces fiers perroquets
que l'air du siecle a rendu trop coquets,
et qui, siflés par des bouches mondaines,
n'ignorent rien des vanités humaines.
Ver-Vert étoit un perroquet dévot,
une belle ame innocemment guidée,
jamais du mal il n'avoit eu l'idée,
ne disoit onc un immodeste mot :
mais en revanche, il sçavoit des cantiques,
des oremus , des colloques mistiques,
il disoit bien son benedicite ,
et notre mere , et votre charité .
Il sçavoit même un peu de soliloque
et des traits fins de Marie Alacoque.
Il avoit eu dans ce docte manoir,
tous les secours qui menent au sçavoir :

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« Ver-Vert ne bougeoit du parloir »

il étoit là, maintes filles sçavantes,
qui, mot pour mot, portoient dans leurs cerveaux,
tous les noëls anciens et nouveaux.