Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/22

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et dégradant son généreux organe,
il ne fut plus qu'un orateur profane.
Faut-il, qu'ainsi, l'exemple séducteur,
du ciel au diable emporte un jeune cœur !
Pendant ces jours, durant ces tristes scénes,
que faisiez-vous dans vos cloîtres déserts,
chastes Iris du couvent de Nevers ?
Sans doute, hélas ! Vous faisiez des neuvaines
pour le retour du plus grand des ingrats,
pour un volage indigne de vos peines,
et qui, soumis à de nouvelles chaînes,
de vos amours ne faisoit plus de cas.
Sans doute, alors, l'accès du monastere
etoit d'ennuis tristement obsedé ;
la grille étoit dans un deuil solitaire,
et le silence étoit presque gardé.
Cessez vos vœux, Ver-Vert n'en est plus digne ;
Ver-Vert n'est plus cet oiseau réverend,

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ce perroquet d'une humeur si benigne,
ce cœur si pur, cet esprit si fervent ;
vous le dirai-je ? Il n'est plus qu'un brigand,
lâche apostat, blasphémateur insigne ;
les vents légers, et les nymphes des eaux
ont moissonné le fruit de vos travaux.
Ne vantez point sa science infinie :
sans la vertu, que vaut un grand génie ?
N'y pensez plus, l'infame a, sans pudeur,