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MARIE-DIDACE

auquel Amable avait l’habitude d’accrocher sa casquette, il alla se coucher, sans avoir dit une parole.

De toute la journée, les femmes n’avaient pas échangé deux mots. L’Acayenne voyait déjà le fils de son Varieur installé auprès d’elle. En présence de Didace, elle accabla Phonsine de prévenances que celle-ci refusa avec dignité.

Jusque là Phonsine avait surtout éprouvé de l’orgueil du départ d’Amable. Enfin, il avait accompli un geste d’homme, un geste de Beauchemin, qui le ferait reconnaître à sa juste valeur ! Mais, émue devant l’accablement de Didace, elle en porta le remords, toute la nuit suivante, comme une pierre au cœur.

Le deuxième jour, après une autre journée aux sucres, Didace de nouveau jeta un coup d’œil au clou, puis il sortit. Il revint peu après avec Beau-Blanc qu’il venait d’embaucher pour la saison des sucres.

Le samedi, quand Phonsine partit pour Sorel, le père Didace n’avait pas encore prononcé le nom d’Amable dans la maison, ni posé une question à son sujet. Elle attendit vainement son mari à « L’Ami du Navigateur ». Le commis qui avait l’habitude de le servir n’était plus là. On l’avait remplacé par un nouveau qui ne le connaissait pas même de vue.

Là elle commença à s’inquiéter pour vrai ! Le