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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/34

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rosa mystica

pour compléter la filiation, il importe de remonter à Alfred de Vigny, le grand poëte stoïcien : malgré d’apparentes antinomies, c’est lui l’aïeul véritable ; mais combien Leconte de Lisle a perfectionné l’outil artistique !

Il n’est guère possible de concevoir forme plus parfaite que la sienne. Le vers, tout d’abord, riche de ciselures, au timbre vibrant et limpide, au reflet d’or neuf, éveille l’illusion d’une superbe et massive médaille, pure d’alliage et récemment frappée. — D’autre part s’accuse le ferme dessin de la période, variée parmi la variété des rhythmes — lesquels sont rares et d’une exquise audace, ou parfois d’une savante simplicité. Que dire du langage, sinon qu’il est grandiose et grandiloque, souple à plusieurs genres, (non point à tous encore !) à l’excès correct, bien que hardi ; d’une spéciale harmonie, âpre, stridente et métallique, résultant du cliquetis de vocables cuirassés de consonnes — robustement ? Sommes-nous assez loin de la mélodie Lamartinienne, ondoyante et flûtée, puis — que sais-je ? — un peu flasque ?… Le mot est écrit, à présent.

Le style de Leconte de Lisle, tout en os, en nerfs et en muscles, est autrement solide que celui de M. de Banville, par exemple : — malgré tout