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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/33

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préface

l’effort soutenu de simplicité, sous la contrainte de mansuétude, perce une rudesse native par où cette contrainte devient sensible à l'excès : si bien que la naïveté voulue puisse paraître un peu gauche ; tel bourgeois dirait : « empruntée ». — À cette critique, la Sagesse des Châtions répondra sans doute que pour ne pas se plier aisément aux mièvreries câlines, le lion n'en est pas moins un noble et superbe animal — souple en sa grâce robuste, qui vaut bien le charme piquant. Je ne fais point refus d’en convenir.

Leconte de Lisle est parent de Th. Gautier et de Louis Bouilhet. Avec ce dernier surtout, les analogies sont frappantes : — même philosophie positiviste et panthéistique, clémente aux religions défuntes ; même souci des exotiques paysages et des splendeurs orientales ; même amour des civilisations antiques ou primitives et même zèle à reconstruire les temps préhistoriques[1], même ampleur de forme enfin. D'ailleurs, et

  1. Comparez « les Fossiles » et « Qaïn ». Ce rapprochement est une curieuse antithèse aussi : Bouilhet s’efforce surtout à la genèse des formes ; son poëme est plutôt plastique. — Chez Leconte de Lisle domine le souci philosophique, et la restitution matérielle n’a guère qu’une valeur de mise en scène : c’est un cadre aux idées incarnées du Penseur-artiste.