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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/41

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préface


Il n'en est pas ainsi de M. Louis Ménard, qui a fait revivre, en d’étincelantes et pures strophes, les plus touchants symboles de la mythologie grecque : à cette source antique, Leconte de Lisle et Ménard ont puisé côte à côte, et peut-être devons-nous à l'ancienne familiarité des deux poètes cette audace de symbolisme qui nous étonne chez le maître. Pour révélatrices d’abstractions pures que soient les images hiératiques, elles n'en constituent pas moins un élément merveilleux, par quoi fécondée, l’idée abstraite devient esthétique.

La même richesse mythique a sauvé certaines pages de madame Ackermann. — Positivisme militant ; rigueur algébrique des raisonnements ; langue virile et incisive ; forme un peu sèche, mais d’une netteté d’acier poli ; voix chaude, mais âpre, toute vibrante d’enthousiasme à la Lucrèce : voilà ce qui frappe dès l’abord, chez elle.

Frappe encor, Jupiter ! Accable-moi ! mutile
L’ennemi terrassé que tu sais impuissant !
Écraser n’est pas vaincre, et ta foudre inutile
S’éteindra dans mon sans !

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Non à la croix infâme et qui fit de son ombre
Une nuit où faillit périr l’Esprit humain…
Malgré son dévoûment, non, même à la Victime,
Et non, par dessus tout, au Sacrificateur !