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Page:Guaita - Rosa mystica, 1885.djvu/68

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rosa mystica

franchise du mot, recherche heureuse de l'épithète rare : voilà ce qui caractérise à nos yeux M. Soulary. Sa concision va jusqu'à la manie, si qu'il en résulte une obscurité fréquente, vite dissipée dès que se concentre l'attention ; car l'obstacle vient ici d'un entêtement de brièveté, de concentration à outrance — et non du fait de ne s’entendre pas soi-même : c'est par là que M. Soulary diffère d’autres poètes obscurs…

Loin qu'il répugne à l'emploi de l'image, habile entre tous au secret de la rendre frappante, il sait aussi, à force de convenance et de précision, donner au mot simple et nu la force et l'intérêt topique :

Triste métal des morts, tu donnes le frisson :
Le doigt t’agace en vain, tu ne rends pas de son ;
Tu tombes sans bondir, en masse inerte et flasque…

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Relisez : pas une métaphore, dans cette apostrophe au Plomb ; et le poëte a transmis au lecteur le frisson froid et morne, en sa pleine intensité.

Une œuvre achevée dans un cadre modeste — telle a été l'ambition de Soulary, qui a su pleinement réaliser son idéal. Je voudrais reproduire, en terminant,