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promenades japonaises.

Le matin même de la réception, profitant d’un moment où tous les daïmios étaient rassemblés, il interpella Assano et lui adressa les paroles les plus outrageantes.


Les fidèles d’Assano arrêtés sur le pont de Rioogoku par un officier du gouvernement.
(Fac-similé d’un dessin japonais)

Assano ne put se contraindre davantage, et, saisissant le plus petit de ses sabres, il en frappa Kira au front.

Ce dernier se mit à fuir, poursuivi à travers le palais par le jeune homme le sabre à la main. On parvint à retenir Assano par ses vêtements flottants.

Ce qui était grave dans cet incident, ce n’était pas l’insulte du vieillard cupide, ce n’était pas l’attaque du bouillant jeune homme, c’était le fait d’avoir tiré le sabre dans le palais. Cet acte contraire aux règles, contraire au respect qu’on devait au Shiogoun, dominait la situation et devait être puni avant tout.

On remit la réception à un autre jour. Assano reçut l’ordre de se retirer dans son yashiki (demeure seigneuriale) en attendant la punition de ses inconséquences. Et l’on s’occupa aussitôt du jugement.

Le cas était embarrassant. L’on comprenait bien que c’était l’avide Kira qui avait tort ; mais les rites avaient été violés d’une manière si manifeste qu’Assano fut condamné à faire son harakiri, c’est-à-dire à s’ouvrir le ventre, et ses biens furent confisqués.

Lorsque les Keraïs (hommes d’armes) du condamné apprirent le jugement, ils s’affligèrent vivement et furent particulièrement exaspérés de voir que Kira, le promoteur de l’incident, restait impuni.

C’est alors que se forma le fameux complot des quarante-sept roonins ou quarante-sept fidèles qui jurèrent de venger leur maître.

Ils furent d’abord quarante-neuf, mais l’un d’eux mourut avant l’exécution de la vengeance et un autre disparut au moment de l’action.

Les chroniques racontent en détail les difficultés qui s’opposèrent à