Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et il ne peut y avoir de jugement à moins que les morts ne ressuscitent ; car de même que ceux qui sont morts en sainteté habitent, à ce que nous croyons, le ciel, et produisent souvent des miracles sur leur tombeau, comme rendre la vue aux aveugles, faire marcher les boiteux, guérir les lépreux, et rendre à tous les autres infirmes le bienfait de la santé ; de même, nous croyons que les pécheurs sont retenus jusqu’au jugement dans les prisons de l’enfer. » Et le prêtre dit : « Nous lisons aussi dans les psaumes : L’esprit ne fera que passer dans l’homme, et il n’occupera plus son lieu comme auparavant[1]. » Et je lui dis : « Voici ce que, dans la parabole, a dit le Seigneur lui-même au riche tourmenté des flammes de l’enfer : Mon fils, souvenez-vous que vous avez reçu vos biens dans votre vie, et que Lazare n’y a eu que des maux[2]. En effet le riche n’a point là sa pourpre et son lin si fin, ni les délices de ses festins auxquels fournissaient la terre, l’air, la mer ; et Lazare n’a pas retrouvé ses plaies, ni cette pourriture où il vivait lorsqu’il était couché devant sa porte, maintenant que l’un repose dans le sein d’Abraham, et que l’autre est tourmenté dans les flammes. » Le prêtre dit : « Nous lisons dans un autre psaume : Leur âme étant sortie de leur corps, ils retourneront dans la terre d’où ils sont sortis et ce jour-là même toutes leurs vaines pensées périront[3]. » Je lui répondis : « Tu dis fort bien ; lorsque l’esprit est sorti de

  1. Psaum. 102, v. 15
  2. Évang. sel. Luc chap. 16, v. 25.
  3. Psaum. 145, v. 3.