Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/12

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voulait dire ; il ne répondit d’un ton superbe, et en grossissant sa voix : « Tu aurais dû nous faire un meilleur accueil ; mais je porterai la chose à l’oreille du roi Chilpéric, afin qu’il venge le mépris qu’on a fait de moi. » Puis entrant dans mon oratoire sans s’occuper davantage de moi, il dit un verset, puis un autre, puis un troisième, continua à dire son oraison, la termina, éleva de nouveau sa croix, puis s’en alla. Il était grossier dans son langage, abondant en paroles ignobles et obscènes. Il ne sortait de sa bouche aucun discours raisonnable. Il se rendit à Paris ; on y célébrait alors les Rogations qu’on a coutume de solenniser avant le saint jour de l’ascension du Seigneur. Tandis que l’évêque Ragnemode faisait avec son peuple la procession autour des lieux saints, il arriva avec sa croix ; le peuple voyant ce vêtement étrange, des femmes publiques et de la dernière classe se joignirent à lui ; il en fit son cortège. Il voulut, avec la foule qui le suivait, aller en procession autour des lieux saints ; l’évêque l’apercevant envoya son archidiacre qui lui dit : « Si tu portes des reliques des saints, dépose-les pour quelques moments dans la basilique, et célèbre avec nous les saints jours. La solennité passée tu continueras ton chemin. » Mais lui ne faisant nulle attention à ce que lui disait l’archidiacre, commença à poursuivre l’évêque d’injures et de malédictions. L’évêque voyant que c’était un imposteur, ordonna qu’on le renfermât dans une cellule. On examina tout ce qu’il portait, et on lui trouva un grand sac rempli de racines de diverses herbes, ainsi que de dents de taupes, d’os de souris, d’ongles et de