Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/120

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ger pour les religieuses quand elles viendraient se baigner, dame Radegonde avait ordonné que ceux qui servaient le monastère puissent tous venir s’y baigner jusqu’à ce que toute odeur capable de nuire fût dissipée. Ils furent donc à l’usage des serviteurs durant tout le carême, et jusqu’à la Pentecôte. À quoi Chrodielde répondit que, depuis, plusieurs venaient encore s’y laver. L’abbesse repartit qu’elle ne prouvait pas ce qu’elle disait, et que pour elle, elle n’en savait rien. Mais elle les inculpa là-dessus, demandant, puisqu’elles avaient vu la chose, pourquoi elles n’étaient pas venues le dire à l’abbesse. Quant au jeu des dez, elle répondit que comme on y jouait du vivant de madame Radegonde, elle n’avait pas cru que ce fût une faute, et que cela n’était défendu ni par la règle ni par les canons. Mais, sur l’ordre des évêques, elle promit d’accomplir avec soumission la pénitence qu’ils lui imposeraient à cet égard. Quant aux repas, elle dit qu’elle n’avait rien établi de nouveau que ce qui s’était fait du temps de madame Radegonde, disant qu’elle donnait des eulogies aux fidèles, mais qu’on ne pouvait prouver qu’elle eût jamais pris ses repas avec eux. À l’égard des fiançailles, elle dit qu’elle avait accepté devant l’évêque, les clercs et les principaux de la ville, des arrhes pour sa nièce Orphanule[1] xxx, que s’il y avait en cela une faute, elle déclarait devant tous en demander pardon, mais qu’on n’avait point fait alors de festin dans le monastère. Quant à ce qu’on lui reprochait de la couverture de l’autel, elle produisit une religieuse noble qui avait apporté

  1. Je soupçonne que ce n’est pas ici un nom propre, et que l’abbesse voulait parler de sa nièce, petite orpheline.