Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/121

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de chez ses parens un manteau de soie, dont elle lui avait fait présent, et qu’elle en avait coupé une partie pour en faire ce qu’elle voudrait. Elle ajouta qu’elle avait fait du reste, comme, il était convenable, une couverture d’autel dignement arrangée, et qu’elle s’était servie du morceau qui avait été coupé de ce manteau pour orner de pourpre une robe de sa nièce qui lui avait été donnée, dit-elle, lorsqu’elle servait le monastère, et Didyme la donatrice confirma tout ce que disait l’abbesse. Quant au feuillage d’or et à la bandelette ornée d’or xxxi, votre serviteur Maccon, ici présent, attesta qu’il avait reçu pour cela, par les mains de l’abbesse, vingt sols du fiancé de cette jeune fille, que la chose avait été faite publiquement et qu’il n’y était rien allé des biens du monastère. On demanda à Chrodielde, ainsi qu’à Basine, de déclarer si, ce qu’à Dieu ne plaise, elles croyaient l’abbesse coupable de quelque adultère, si elle avait commis quelque meurtre, quelque maléfice ou quelque crime digne d’un châtiment capital. Les répondantes ont dit n’avoir contre elle autre chose que ce qu’elles l’accusaient d’avoir fait au mépris de la règle. Enfin, on nous produisit plusieurs filles, qui par suite du péché qu’elles ont commis de violer leur clôture, et pour avoir eu, les malheureuses ! la liberté de faire pendant tant de mois tout ce qu’elles ont voulu, sans se soumettre à la discipline de l’abbesse, se sont trouvées grosses, tandis que nous les regardions comme des religieuses innocentes. Ayant discuté la chose par ordre, nous n’avons pas trouvé de crime en l’abbesse, qui dût la faire renvoyer ; et, quant aux fautes plus légères, nous l’avons