Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/137

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de la cité du Velai, il arriva dans un endroit appelé le Puy, et s’arrêta avec toute son armée dans une basilique voisine, et là rangea son armée en bataille, pour livrer combat à Aurèle, alors évêque de ce lieu. Il faisait aller devant lui, pour annoncer sa venue, des hommes tout nus qui sautaient et faisaient des tours. L’évêque saisi d’étonnement envoya à sa rencontre des hommes courageux pour savoir ce que cela voulait dire. Un d’eux, qui était des premiers de la ville, se baissa devant lui, comme pour lui embrasser les genoux, et l’ayant fait tomber ordonna qu’on le prît et qu’on le dépouillât. Puis, sans perdre de temps, tirant son épée, il le coupa en morceaux, et tua le Christ qu’on aurait dut plutôt nommer Ante-Christ, et il demeura mort. Ceux qui l’accompagnaient se dispersèrent ; Marie, livrée aux tourmens, avoua tous les prestiges et les illusions dont il s’était servi ; mais ceux dont il avait troublé l’esprit, par ses artifices diaboliques, pour les faire croire en lui, ne revinrent jamais entièrement à la raison, et le confessèrent toujours pour le Christ, déclarant que Marie participait aussi à sa divinité. Il s’en éleva plusieurs dans toutes les Gaules ; par leurs prestiges, ils s’attachaient quelques pauvres femmes qui, entrant dans une sorte de fureur, les déclaraient des saints, et de cette manière ils obtinrent un grand crédit parmi les peuples. Nous en avons vu plusieurs que nous nous sommes efforcés par nos réprimandes de faire revenir de leur erreur.

Ragnemode, évêque de Paris, mourut, et son frère, le prêtre Pharamode ; concourut pour l’épiscopat. Mais un certain marchand, nommé Eusèbe, Syrien de