Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/139

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était tellement appesanti que les serviteurs ivres s’endormirent dans tous les coins de la maison où ils étaient tombés ; alors cette femme ordonna à trois hommes de venir avec des haches derrière les trois dont j’ai parlé, et, comme ils parlaient ensemble, en un même moment, pour ainsi dire, les serviteurs laissèrent tomber leurs coups, et ces trois hommes tués, on quitta le festin. Leurs noms étaient Charivald, Leudovald et Waldin. La chose ayant été rapportée à leurs parens, ils gardèrent étroitement Frédégonde, et envoyèrent des messagers au roi Childebert pour que, l’ayant prise, on la fit mourir ; mais, pendant les délais de cette affaire, elle souleva le peuple de Champagne, et délivrée par son secours, passa dans un autre lieu.

Ensuite elle fit partir des envoyés pour aller trouver le roi Gontran, et lui dire : « que le roi, mon seigneur, vienne jusqu’à Paris, et y faisant venir mon fils, son neveu, qu’il le fasse sanctifier par la grâce du baptême, et que le tenant lui-même sur les fonts sacrés, il daigne le regarder comme son propre enfant. » Le roi, ayant entendu cette requête, fit partir Æthérius, évêque de Lyon, Syagrius, évêque d’Autun, Flavius, évêque de Châlons, et tous ceux qu’il voulut encore, et leur ordonna de se rendre à Paris, annonçant qu’il était prêt à les suivre. Il vint aussi à cette assemblée beaucoup d’hommes de son royaume, tant domestiques que comtes, pour faire les préparatifs nécessaires à la dépense de la maison royale. Le roi, au moment où il avait projeté de partir, fut arrêté par une douleur au pied ; mais ensuite il guérit, et vint à Paris, d’où, se rendant à sa maison de Ruel, il y fit