Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/140

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venir l’enfant, et ordonna qu’on préparât son baptême dans le bourg de Nanterre. Tandis que cela se faisait, il arriva vers lui des envoyés du roi Childebert qui lui dirent : « Ce n’est pas là ce que tu avais promis dernièrement au roi Childebertxxxvii, de te lier d’amitié avec ses ennemis ; autant que nous pouvons l’apercevoir, tu ne gardes nullement ta parole, mais plutôt tu transgresses ce que tu avais promis, et tu places cet enfant sur le siége royal dans la ville de Paris. Dieu te jugera, parce que tu oublies ce que tu avais promis. » Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, le roi leur dit : « Je ne manque point à la promesse que j’ai faite à mon neveu le roi Childebert, et il ne doit point se formaliser, si je tiens sur les fonts sacrés son cousin, fils de mon frère, car c’est une requête à laquelle aucun Chrétien ne doit se refuser. Je veux donc le faire, comme Dieu le sait très certainement, sans aucune fraude et dans la simplicité d’un cœur pur, parce que je crains d’offenser le Seigneur ; il n’est pas de l’humilité des hommes de notre race de m’en faire un reproche ; car, lorsque les maîtres tiennent sur les fonts sacrés leurs serviteurs mêmes, comment ne me serait-il pas permis de tenir un proche parent, et d’en faire mon fils spirituel par la grâce du baptême ? Allez donc, et rapportez ceci à votre maître : Je veux observer sans tache le traité que j’ai fait avec toi, et s’il n’est pas rompu par ta faute, il ne le sera point par la mienne. »Lorsqu’il eut ainsi parlé, les envoyés s’en allèrent, et le roi s’étant rendu aux fonts sacrés, présenta l’enfant au baptême ; il voulut le nommer Clotaire, et dit : Que cet enfant croisse, et