Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/145

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vers le monastère en répétant les mêmes paroles. En même temps le bienheureux rendit l’esprit, non sans un témoignage de cette vérité qu’il avait été reçu par les anges. Lors de ses funérailles, cette femme avec une autre que tourmentait aussi le malin esprit, dès que le sépulcre fut fermé, se trouva délivrée de la malice des démons qui la persécutaient, et je crois que ce fut par l’ordre de Dieu qu’il ne put la guérir pendant sa vie mortelle, afin que par ce miracle ses funérailles fussent glorifiées. Après ses obsèques une femme qui demeurait la bouche ouverte, mais sans voix, vint à son tombeau, et après l’avoir baisé, obtint de recouvrer l’usage de la parole.

Dans le second mois de cette année [avril], les peuples de Tours et de Nantes furent accablés d’une cruelle contagion. À peine atteint d’une médiocre douleur de tête, le malade rendait l’âme ; on fit des rogations avec de grandes abstinences et beaucoup de jeûnes ; on y ajouta aussi des aumônes, la colère divine adoucit à notre égard son impétuosité dans la ville de Limoges ; plusieurs furent consumés du feu céleste, en réparation de l’injure faite au jour du Seigneur pendant lequel ils se livraient à un travail public ; car c’est un jour saint que celui-là qui, au commencement, vit le premier la lumière créée, et dont, la clarté rendit témoignage de la résurrection du Seigneur. Tout chrétien doit donc l’observer avec foi, et aucune œuvre publique n’est permise pendant sa durée. Il y eut à Tours plusieurs personnes brûlées de ce feu, mais non pas le jour du Seigneur ; et il y eut une très grande sécheresse qui dépouilla d’herbes tous les pâturages, en sorte qu’il s’éleva une fâcheuse maladie sur les bre-