Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/146

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bis et les chevaux, et qu’il en resta bien peu pour en renouveler la race, ainsi que l’avait annoncé le prophète Habacuc : Les bergeries seront sans brebis, et il n’y aura plus de bœufs ni de vaches dans les étables[1] xliii. Cette contagion s’étendit non seulement sur les animaux domestiques, mais aussi sur la race sauvage des bêtes fauves. On rencontrait sur son chemin par les forêts une multitude de cerfs et d’autres animaux couchés morts. Le foin périt par les grandes pluies et les débordemens des fleuves. Les moissons furent maigres, les vendanges très abondantes, le fruit du chêne se montra, mais ne parvint pas à la maturité. {'interligne}} Quoique dans les livres précédens, j’aie écrit quelque chose des évêques de Tours, cependant je crois devoir les placer ici de nouveau, pour en indiquer l’ordre, ainsi que le temps qui s’est écoulé depuis celui où arriva à la ville de Tours le premier prédicateur des Gaules.

1° Gatien, le premier évêque, fut envoyé, la première année de l’empire de Dèce, par le pape du siège de Rome [l’an 250]. Dans la ville de Tours était une grande multitude de païens adonnés à l’idolâtrie ; il en convertit plusieurs au Seigneur, par ses prédications ; mais cependant il se dérobait, en se cachant, aux attaques des puissants, qui souvent, lorsqu’ils le trouvaient, l’accablaient de maux et d’outrages ; et il célébrait en secret les saints mystères du jour du Seigneur, dans des souterrains et des lieux cachés, avec un petit nombre de Chrétiens convertis par lui, ainsi que nous l’avons dit. C’était un homme très religieux et craignant Dieu ; et, s’il n’eût été tel que je

  1. Hababuc, chap. 3, v. 17.