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NOTICE

mérite de Frédégaire, mais parce qu’il est à peu près le seul historien contemporain que nous ait légué le septième siècle : « On demanderait volontiers, dit l’abbé de Vertot, à ceux qui méprisent Frédégaire, dans quelle autre source ils ont puisé l’histoire de Théodebert II, roi d’Austrasie, et de Thierri (Théodoric II), roi de Bourgogne ? qui les a instruits de la plupart des événemens arrivés sous les règnes de Clotaire II, de Dagobert Ier, et du jeune Clovis (Clovis II) ? À qui en sommes-nous redevables, et que serait devenue cette partie de l’histoire de la première race si nous avions perdu Frédégaire ou s’il n’avait jamais écrit[1] ? » Il est vrai que, sans Frédégaire, cette époque nous serait à peu près inconnue ; mais quelque précieuse qu’elle soit, sa chronique, comparée à l’histoire ecclésiastique des Francs, n’en prouve pas moins les rapides progrès de la Barbarie. On entrevoit encore, dans l’ouvrage de Grégoire de Tours, le crépuscule de la civilisation romaine ; l’ignorance de l’écrivain est grande, sa crédulité extrême, son récit mutilé et confus, son style inculte ; et pourtant çà et là se rencontrent quelques souve-

  1. Apologie de Frédégaire, par l’abbé de Vertot, dans les Mémoires de l’académie des inscriptions, t. I, p. 302-308.