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sur frédégaire.

nirs d’un temps meilleur ; on reconnaît çà et là que l’évêque de Tours avait entendu parler d’autres études, d’autres mœurs, d’un autre état social ; il a lu Salluste et Virgile, regrette l’ancienne splendeur des cités, rappelle avec complaisance ces familles sénatoriales dont la sienne est descendue, et s’émeut quelquefois en peignant les calamités du pays, comme s’il parlait de choses étranges et naguères inconnues. Dans Frédégaire la crédulité, la confusion, l’ignorance sont encore plus grandes, et en même temps rien ne décèle aucun débris d’une société plus régulière et plus polie ; l’imagination de l’écrivain est froide et morne ; aucun regret ne lui échappe ; aucune dévastation, aucune souffrance publique n’arrête un moment sa pensée ; il est clair que les barbares ont tout dispersé, tout envahi, qu’ils occupent même un grand nombre d’évêchés, et qu’au milieu de ce grossier désordre, quelques moines s’appliquent presque seuls à étudier les sciences sacrées et à conserver le souvenir de ce qui se passe autour d’eux.

Du reste, cela même est un fait d’une haute importance et le plus curieux de tous ceux que la chronique de Frédégaire nous laisse entrevoir. C’est bien moins par le récit des événemens