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DE FRÉDÉGAIRE.

ment de sa demeure, mais de celle des autres. » À ces mots, les vases furent mis en pièces, le vin et la bière répandus sur la terre, et toutes les autres chose jetées çà et là. Les serviteurs épouvantés allèrent annoncer au roi ce qui arrivait. Celui-ci, saisi de frayeur, se rendit, au point du jour, avec son aïeule auprès de l’homme de Dieu. Ils le supplièrent de leur pardonner ce qui avait été fait, promettant de se corriger par la suite. Colomban, apaisé par ces promesses, retourna au monastère : mais ils n’observèrent pas longtemps leurs promesses ; leurs misérables péchés recommencèrent, et le roi se livra à ses adultères accoutumés. À cette nouvelle, saint Colomban lui envoya une lettre pleine de reproches, le menaçant de l’excommunication s’il ne voulait pas se corriger. Brunehault, de nouveau irritée, excita l’esprit du roi contre saint Colomban, et s’efforça à le perdre de tout son pouvoir ; elle pria tous les seigneurs et tous les grands de la cour d’animer le roi contre l’homme de Dieu : elle osa solliciter aussi les évêques, afin qu’élevant des soupçons sur sa religion, ils accusassent la règle qu’il avait imposée à ses moines. Les courtisans, obéissant aux discours de cette misérable reine, excitèrent l’esprit du roi contre le saint de Dieu, l’engageant à le faire venir pour prouver sa religion. Le roi, entraîné, alla trouver l’homme de Dieu à Luxeuil, et lui demanda pourquoi il s’écartait des coutumes des autres évêques, et aussi pourquoi l’entrée de l’intérieur du monastère n’était pas ouverte à tous les chrétiens. Saint Colomban, d’un esprit fier et plein de courage, répondit au roi qu’il n’avait pas coutume d’ouvrir l’entrée de l’habitation des serviteurs de Dieu