Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
DE FRÉDÉGAIRE.

ans, demeurant en paix avec toutes les nations voisines. Clotaire était rempli de douceur, savant dans les belles-lettres, craignant Dieu, magnifique protecteur des églises et des prêtres, faisant l’aumône aux pauvres, se montrant bon envers tout le monde et plein de piété, se livrant seulement avec trop d’ardeur à la chasse, et accordant trop aux suggestions des femmes et des jeunes filles ; à cause de quoi il fut blâmé par ses Leudes.

Après s’être ainsi emparé, dans la trentième année de son règne[1], des royaumes de Bourgogne et d’Austrasie, Clotaire créa Herpon, Franc d’origine, duc du pays situé au-delà du Jura, à la place d’Eudelan. Herpon ayant commencé à établir la paix dans ce pays, en réprimant les méchans, fut tué dans une rébellion par les habitans du pays eux-mêmes, excités par le patrice Aléthée, l’évêque Leudemond et le comte Herpon. Clotaire étant venu à Marlheim en Alsace avec la reine Bertrude, rétablit la paix, et punit par le glaive un grand nombre de mauvaises gens.

Leudemond, évêque de Sion, étant venu secrètement auprès de la reine Bertrude, lui tint, par le conseil d’Aléthée, de coupables discours, lui disant que Clotaire mourrait cette année de manière ou d’autre, et l’engagea à transporter secrètement dans la ville de Sion autant de trésors qu’elle pourrait, parce que cette ville était très-sûre ; et qu’Aléthée était disposé à abandonner sa femme, pour épouser Bertrude, attendu qu’étant du sang royal des Bourguignons, il pourrait, après Clotaire, s’emparer du

  1. En 613.