Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
CHRONIQUE

royaume. À ces paroles, la reine, craignant que ce ne fût vrai, se retira dans sa chambre, fondant en larmes. Leudemond, voyant que cette conversation le mettait en péril, s’enfuit pendant la nuit à Sion ; il se cacha ensuite à Luxeuil, auprès de l’abbé Austase qui, plus tard, lui fit obtenir le pardon de Clotaire, et la permission de retourner dans sa ville.

Clotaire, alors avec ses grands dans sa maison de Maslay, fit venir vers lui Aléthée : son odieux dessein ayant été prouvé, il périt par le glaive.

La trente-troisième année de son règne[1], Clotaire fit venir vers lui à Bonneuil Warnachaire, maire du palais, tous les évêques et les barons de Bourgogne, et faisant droit à leurs justes demandes, il leur confirma par des lettres écrites tout ce qu’il leur avait accordé[2].

Je rapporterai de quelle manière les Lombards payaient aux Francs, tous les ans, un tribut de douze mille sous d’or, et comment ils leur cédèrent deux villes, Aost et Suze, avec leur territoire. Cleph, leur roi, étant mort, ils passèrent douze ans soumis à douze ducs, et sans rois. Dans ce temps, ils firent une irruption dans le royaume des Francs, et en compensation de tant d’audace, ils cédèrent au roi Gontran les villes d’Aost et de Suze, ainsi que leur territoire et leurs habitans. Ils envoyèrent ensuite une députation à l’empereur Maurice. Les douze ducs envoyèrent chacun un député pour demander à l’empereur paix

  1. En 616.
  2. Cette ordonnance de Clotaire, qu’on rapporte communément à l’an 615, nous est parvenue presque entière ; c’est un des monumens législatifs les plus curieux de cette époque.