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DE FRÉDÉGAIRE.

Tason, plein, de confiance, fit quitter aux siens leurs armes hors de la ville, et entra dans Ravenne. Aussitôt des hommes apostés à cet effet se jetèrent sur lui et le tuèrent ainsi que tous les siens. Le roi Charoald remit, comme il l’avait promis, à Hisace et à l’Empire cent livres d’or. Tous les ans le patrice romain ne paya plus aux Lombards que deux centeniers d’or. Un centenier vaut cent livres d’or. Le roi Charoald mourut aussitôt après.

La reine Gondeberge, à qui les Lombards avaient prêté serment de fidélité, fit venir vers elle un certain Chrotaire[1], un des ducs du territoire de Brescia, et l’engagea à abandonner une femme qu’il avait pour l’épouser elle-même, promettant qu’avec son aide il serait élevé au trône par tous les Lombards. Chrotaire y ayant consenti volontiers, jura, dans les saintes églises, qu’il ne mépriserait jamais Gondeberge, n’abaisserait en rien la dignité de son rang, et que, la chérissant uniquement, il lui rendrait en tout de justes honneurs. Séduits par Gondeberge, tous les Grands lombards élevèrent Chrotaire au trône. Lorsqu’il eut commencé à régner, il fit périr un grand nombre de nobles lombards qu’il savait lui être ennemis. Recherchant la paix, il établit dans tout le royaume de Lombardie une discipline très-forte, et inspira une grande crainte. Oubliant les sermens qu’il avait jurés à Gondeberge, il la relégua dans une seule chambre à la cour de Pavie, et lui fit mener une vie obscure. Il la retint dans cette retraite pendant cinq ans. Chrotaire se livrait sans cesse au concubinage. Gondeberge étant chrétienne, bénissait le Dieu tout--

  1. Rotharis.