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CHRONIQUE

puissant dans cette affliction, et s’adonnait assidûment aux jeûnes et à l’oraison.

Quand il plut à Dieu de mettre à ceci la main, Aubedon, envoyé par le roi Clotaire en ambassade auprès de Chrotaire, roi des Lombards, vint à Pavie, ville d’Italie. Voyant enfermée la reine qu’il avait souvent vue dans ses ambassades, et par qui il avait toujours été bien reçu, il insinua au roi Chrotaire, comme s’il en eût reçu l’ordre, qu’il ne devait pas maltraiter cette reine, parente des Francs, et qui l’avait fait monter sur le trône ; car les rois Francs et leurs sujets en seraient très-mécontens. Chrotaire, craignant les Francs, ordonna sur-le-champ que la reine fût tirée de sa retraite, et Gondeberge, après environ cinq ans, parcourut la ville dans un appareil royal, pour aller prier dans les lieux saints. Chrotaire lui fit rendre tous ses domaines et les trésors qu’elle avait possédés, et jusqu’à sa mort elle conserva heureusement son rang, riche en biens, et servie avec pompe. Aubedon fut généreusement récompensé par la reine Gondeberge.

Chrotaire, à la tête d’une armée, enleva à l’Empire Gênes, Varicotte, Albenga, Savone, Oderzo et Sarzane, villes maritimes ; il les ravagea, les détruisit en y mettant le feu, pilla et dépouilla le peuple qu’il condamna à la captivité ; et détruisant de fond en comble les murs de ces villes, il voulut qu’on les appelât des bourgs.

Cette année, s’éleva une violente querelle en Pannonie, dans le royaume des Avares, surnommés les Huns : il s’agissait de savoir qui succéderait au trône, et si ce serait un des Avares ou un des Bulgares ; et