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CHRONIQUE

avec les siens pour combattre Berthaire, qui ayant été autrefois son ami, lui dit : « Viens sous mon bouclier, je te sauverai de ce danger, » et il éleva son bouclier pour mettre Manaulf à couvert ; mais celui-ci lui perça la poitrine avec sa lance, et ses gens ayant entouré Berthaire, qui s’était trop avancé, le blessérent grièvement. Alors Aubedon, fils de Berthaire, voyant son père en danger de la vie, courut promptement à son secours. Il étendit sur la terre Manaulf percé de sa lance, et tua tous ceux qui avaient blessé son père. C’est ainsi que par le secours de Dieu, ce bon fils délivra de la mort son père Berthaire. Les ducs qui n’avaient pas voulu se jeter avec leur armée sur Willebad, pillèrent ses tentes, celles des évêques et de ceux qui étaient venus avec lui, et prirent beaucoup d’or et d’argent, ainsi que les autres objets et les chevaux.

Ces choses s’étant ainsi passées, Flaochat s’éloigna le lendemain d’Autun et s’avança vers Châlons. Étant entré dans la ville, le lendemain, je ne sais par quel accident, elle fut dévorée toute entière par un grand incendie. Flaochat frappé du jugement de Dieu fut attaqué de la fièvre. On l’embarqua dans un bateau sur le fleuve de la Saône[1], et naviguant vers Saint-Jean-de-Losne, il rendit l’ame dans le voyage, onze jours après la mort de Willebad. Il fut enseveli dans l’église de Saint-Benoît, dans le faubourg de Dijon. Beaucoup de gens crurent que, comme Flaochat et Willebad s’étaient juré une amitié réciproque dans les lieux

  1. Arar qui cognominatur Saoconna. C’est vers cette époque qu’on voit un grand nombre de fleuves et de lieux perdre leur nom latin pour prendre celui qui leur est resté.