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sur la vie de dagobert Ier.

trer ici, et sans aucune altération, de longs passages du chroniqueur bourguignon. Dans ces temps d’ignorance et de sécheresse d’esprit, où les ouvrages étaient rares et les manuscrits peu nombreux, les écrivains ne se faisaient aucun scrupule de se copier sans en rien dire. Ce qui avait été une fois écrit devenait une sorte de propriété commune dont chacun s’emparait pour la reproduire, en y ajoutant ce qu’il savait de plus. Sauf les détails relatifs à son monastère, le biographe de Dagobert n’a guères ajouté, au récit de ses prédécesseurs, que des fables pieuses ou des anecdotes peu authentiques ; et la plupart des historiens modernes, érudits ou philosophes, en ont conclu qu’il était peu digne d’attention. Nous sommes fort loin de partager leur dédain. L’histoire de la Grèce et de Rome n’est aussi, et pendant plus d’un siècle, qu’un recueil de fables, de légendes, d’anecdotes incohérentes et converties, par les narrateurs, en aventures merveilleuses. Ces croyances du berceau des peuples, ces monumens de leur vive et naïve crédulité, sont-ils moins curieux à étudier que les événemens clairs et certains de leur carrière politique ? comprendrions-nous même les temps historiques de l’antiquité si les temps mythologiques nous étaient