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vie de saint léger

d’après les avis de gens sages. Il retenait cependant toujours auprès de lui l’évêque Léger, parce qu’il savait qu’il brillait au dessus de tous par la lumière de sa sagesse[1]. Il arriva que l’envie des méchants reprit vigueur, et que de nouveau ils cherchèrent contre lui des sujets d’accusation. Soit que le roi agît justement ou injustement, ils l’attribuaient au crime de celui dont les conseils, si le roi les eût suivis, l’eussent toujours fait marcher dans la voie de Dieu. Mais comme la sentence du ciel approchait, le cœur de Childéric ne sut pas se soumettre à la discipline de la sagesse, et il mérita que le jugement de Dieu qu’avait invoqué Théodoric fût rendu promptement.

Lorsque l’homme du Seigneur vit que l’envie se réchauffait contre lui, il prit, selon le conseil de l’apôtre, la cuirasse de la foi, le casque du salut, et le glaive de l’esprit (qui est la parole de Dieu), et il se prépara à soutenir un combat singulier contre l’ancien ennemi. Comme la fermeté sacerdotale ne sait pas craindre les menaces d’un roi, il commença à reprendre Childéric et à lui demander pourquoi il changeait si subitement les coutumes de sa patrie, qu’il avait donné l’ordre d’observer. On rapporte aussi que Léger dit que la reine[2] était fille de l’oncle

  1. Ursin, auteur également contemporain d’une autre vie de saint Léger, dit que Childéric le fit maire du palais (Vit. S. Leodeg., dans le recueil des histor. de France, t. II, p. 629). Valois refuse d’y croire, parce que des laïques seuls, dit-il, pouvaient occuper cette dignité. Mais ce n’est pas là une raison suffisante pour rejeter un témoignage positif ; et le désordre de ces temps était tel qu’un évêque puissant a fort bien pu y devenir maire du palais.
  2. Bilichilde, fille de Sigebert II, roi d’Austrasie, qui était en effet frère de Clovis II, et par conséquent oncle de Childéric.