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vie de saint léger

de Childéric, et que s’il ne renonçait pas à ce crime et à tant d’autres choses illicites, il connaîtrait bientôt que la vengeance divine était près de le frapper. Childéric l’écouta d’abord volontiers ; mais, prévenu par les conseils de ses satellites, tandis qu’il aurait dû suivre les avis de Léger, pour l’amendement de sa conduite, il commença à chercher l’occasion de le faire mourir. Il était engagé à cette action par ceux qui désiraient éloigner la justice et secondaient les jeunes penchans du roi, et par ceux encore qui le poussaient à violer les décrets qu’il avait rendus. Tous ces hommes et ceux qui, comme eux, passaient leur vie dans les voluptés du siècle, craignaient de voir leurs œuvres contrariées par ce serviteur de Dieu, car ils savaient qu’il marchait inflexiblement dans le sentier de la justice. En effet, le monde vieillissant et chargé de vices ne sait pas supporter la fermeté d’un citoyen du ciel.

Dans ce temps parut[1] un homme noble nommé Victor, qui gouvernait, avec les faisceaux, le patriciat de Marseille. Il était d’une grande noblesse et plein de prudence ; et, comme il était issu d’une illustre famille, il s’élevait au dessus de tous. Il se rendait auprès du roi Childéric pour une certaine affaire, et espérait obtenir, par l’intercession du serviteur de Dieu, tout ce qu’il désirait. Le saint le reçut dans sa ville avec une charitable hospitalité, en attendant qu’il pût le recommander au roi par ses prières, car il avait souvent prié Childéric de venir dans l’église de sa ville pour la solennité de Pâques. Ses ennemis prirent cette occasion pour mettre à effet la haine

  1. En 673.