Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/344

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certain moine nommé Berthaire, le jour de la cène du Seigneur, qu’on voulait sa mort, il était allé le lendemain, jour de la Passion, au palais du roi, et se livrant ainsi lui-même, il avait voulu offrir son sang à Jésus-Christ le même jour où, pour le salut du monde, le Christ avait répandu le sien. Ce jour-là en effet le roi voulut le frapper de sa propre main, mais il en fut empêché par le sage conseil de quelques grands qui s’y opposèrent par la crainte de Dieu. Il n’est pas douteux que la bonté divine le conserva alors, pour que la fournaise d’une longue persécution le purifiât de tout le mal qu’avait pu faire pénétrer en lui la société des hommes, qui n’est jamais exempte de souillure, et pour qu’après y avoir été jeté, comme un or pur, de la main de son roi, il en sortît brillant, à l’instar des diamants, par l’éclat de ses miracles.

Les gens qui attendaient l’issue de cet événement poursuivirent vivement l’évêque, et Victor fut mis à mort ; il se défendit avec courage, mais Dieu permit qu’il fût tué avec quelques autres qui l’accompagnaient. Il n’est pas impossible que les mérites du saint martyr aient obtenu de Dieu miséricorde pour les âmes de ceux qui voulaient innocemment éviter avec lui l’orage de la persécution.

Cependant Léger, serviteur de Dieu, fut arrêté par quelques personnes qui l’annoncèrent aussitôt au roi. Celui qui l’avait pris espéra obtenir du roi de grandes faveurs. Par le conseil des grands et des évêques, Childéric le fit conduire au monastère de Luxeuil, pour y rester jusqu’à ce qu’ils eussent décidé ce qu’on ferait d’un homme de si grand renom. Consultés par Childéric sur le parti qu’il convenait de prendre à