Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/346

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Léger, comme si l’évêque et lui devaient bien vivre ensemble, parce qu’ils avaient tous deux, quoique par des motifs bien divers, subi une même sentence d’exil.

Tout cela fait, la vengeance divine ne tarda pas à porter son jugement sur Childéric : ses mœurs dissolues déplaisaient fort aux grands du palais ; et l’un d’eux qui le supportait plus impatiemment que les autres, le frappa d’un coup mortel, pendant que, dans une forêt, il chassait en pleine sécurité[1]. Avant cet événement, et pendant que deux ducs qui avaient reçu l’ordre de tirer Léger de Luxeuil tardaient à l’exécuter, un de leurs serviteurs résolut, s’il pouvait voir le saint homme hors du monastère, de le frapper de son glaive. Mais, lorsqu’il approcha de ce lieu, son cœur fut saisi d’une épouvantable frayeur, à tel point qu’il avoua publiquement, non seulement ce qu’il avait dit, mais aussi par quelles raisons il avait eu contre l’homme de Dieu de si perverses pensées. Tremblant, il se jeta aux pieds de Léger, et le supplia de lui pardonner cette méchanceté.

Lorsque la nouvelle de la mort de Childéric fut connue, les hommes qui avaient été condamnés à l’exil par son ordre revinrent sans crainte, comme les serpens, pleins de venin, ont coutume, au retour du printemps, de quitter les cavernes qu’ils habitent pendant l’hiver. Leur fureur s’exhala avec une telle force, et produisit un tel trouble dans la patrie, qu’on crut tout à fait que la venue de l’Antéchrist approchait. Les gouverneurs des provinces commencèrent,

  1. En 673.