Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/363

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coup à frapper ses ennemis[1]. Après deux ans passés ainsi à louer Dieu, Léger apprit que les uns avaient été tués, les autres exilés, à cause de leur infidélité ; il les pleura amèrement, et, loin de se réjouir de se voir vengé, s’affligea que le coup de la mort les eût atteints avant qu’ils eussent fait pénitence.

Vers ce temps le glorieux roi Théodoric et Ébroin convoquèrent un synode dans une certaine maison royale, et y firent arriver une grande foule d’évêques. Là parut entre autres Diddon, qui, avec Waimer, avait chassé Léger de son évêché et l’avait livré au supplice. Cet homme fut condamné par l’assemblée, rasé et excommunié. Envoyé ensuite en exil, il subit la mort, et paya de sa tête toutes ses perfidies envers le saint homme. Les autres évêques, d’après l’avis d’Ébroin, furent également condamnés par le roi à un exil perpétuel. Quant à Waimer, qui avait été complice du crime d’Ébroin et de l’enlèvement de l’homme de Dieu, ayant encouru l’inimitié de celui dont il avait servi la vengeance, et qui l’avait ensuite frauduleusement élevé à l’épiscopat, il fut, sans doute par la volonté de Dieu, accablé de beaucoup de maux, pendu, dit-on, à une potence, et envoyé ainsi au Tartare par une mort très honteuse, comme il convenait à l’homme qui avait trahi le juste.

Léger demeurait toujours dans le monastère de femmes où il avait été mis en garde. Mais le tyran Ébroin, habile artisan de perfidies, vivait encore pour achever de fabriquer la couronne du saint martyr, et amener ce qui manquait à la gloire de ses souffrances. L’ancien ennemi, le serpent, qui supportait avec

  1. En 678.