Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peine de se voir, par les discours de Léger, exclu de ce monastère, recommença à stimuler Ébroin, l’engageant à faire amener Léger au palais, pour que là, dans l’assemblée des évêques, on déchirât sur lui la robe épiscopale, afin qu’ainsi interdit il ne pût plus offrir le saint sacrifice. Lorsque Léger fut arrivé, on s’efforça de lui arracher quelques paroles par où il se reconnut complice de la mort de Childéric. Léger comprit, par cette invention diabolique, qu’il était menacé d’un nouveau combat. Il ne se dit point exempt de la faiblesse humaine, mais ne s’avoua en rien coupable de ce crime, ajoutant que Dieu le savait mieux que les hommes. Alors ils le menèrent à ce synode. On dit pourtant qu’il n’entra pas dans le concile, mais resta dehors. On dit aussi que dans le même temps il eut une conversation avec le roi, et lui prédit beaucoup de choses qui devaient arriver, et ce qu’il avait annoncé est arrivé.

Quand ils virent qu’ils ne pouvaient lui rien arracher, ils déchirèrent sa tunique de la tête aux pieds, et le tyran impie ordonna de le livrer à un certain Chrodobert, alors comte du palais, et de lui ôter la vie mortelle en le frappant du glaive. L’homme de Dieu se réjouissait en toute patience de ce que, par la bonté du Seigneur, il voyait la couronne du martyre s’approcher pour lui. Chrodobert le reçut, l’emmena chez lui, et le voyant faible et fatigué du chemin, il lui donna à boire pour le ranimer. Avant que l’échanson s’approchât de lui, une grande lumière descendit du ciel comme au milieu d’un cercle, et vint briller au dessus de sa tête. Alors tous ceux qui virent ce miracle tremblèrent et dirent : « Qu’est-ce