Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/39

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nous, il lui dit : « Dis-moi, ô Félix ! tu as lié une grande amitié entre ma sœur Brunehault et Frédégonde, cette ennemie de Dieu et des hommes. » Lui le niant, je dis : « Le roi ne doit pas douter qu’elles ne conservent entre elles cette amitié dont elles sont liées depuis plusieurs années ; car tu dois savoir certainement que la haine qui règne entre elles depuis longtemps ne fait que croître au lieu de s’atténuer. Plût à Dieu que toi, ô roi très glorieux ! tu n’eusses pas pour Frédégonde, plus de bienveillance, car nous avons su bien souvent que tu avais reçu ses ambassades beaucoup mieux que les nôtres. » Et lui répondit : « Sache, prêtre de Dieu, que si j’ai reçu ses envoyés, c’est de manière à ne point manquer à mon amitié envers mon neveu, le roi Childebert, car je ne peux me lier d’amitié à celle de la part de qui je sais que sont venus souvent des gens envoyés pour m’ôter la vie de ce monde. » Lorsqu’il eut ainsi parlé, Félix dit : « Il est, je crois, parvenu jusqu’à votre Gloire que Reccared avait envoya une ambassade à votre neveu, pour lui demander en mariage votre nièce Clodosinde, fille de votre frère. Mais lui n’a rien voulu promettre que d’accord avec vous. » Le roi dit : « Il n’est pas très bon que ma nièce aille dans le pays où l’on a fait périr sa sœur, et ce n’est pas une chose conforme à la raison que la mort de ma nièce Ingonde demeure sans vengeance. » Félix répondit : « Ils désirent beaucoup s’en justifier par des serments ou par toute autre condition qu’on voudra leur imposer. Ils demandent seulement que vous consentiez à ce que Clodosinde soit fiancée à Reccared, ainsi qu’il vous en sollicite. » Le roi dit :