Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/51

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lever ; mais prenez garde de ne point attirer de mal sur le roi, en allant contre son serment. » Ils me répondirent : « Voilà dans nos mains le registre en vertu duquel ce peuple est imposé. » Et je dis : « Ce livre n’a pas été apporté du trésor du roi, et n’a point fait autorité depuis plusieurs années. Ce n’est pas merveille si, par inimitié pour leurs concitoyens, quelques-uns l’ont conservé chez eux. Dieu jugera ceux qui, après un si long intervalle de temps, l’ont reproduit pour dépouiller nos citoyens. » C’était Audin qui avait produit ce registre. Le même jour, tandis que ces choses se passaient, son fils fut pris de la fièvre, et mourut trois jours après. Ensuite de quoi nous envoyâmes au roi des messagers pour lui demander de nous donner à connaître ce qu’il aurait ordonné sur cette affaire. Incontinent nos messagers nous firent passer des lettres royales portant que, par respect pour saint Martin, le peuple de Tours ne serait pas soumis aux rôles. Après les avoir reçues, les hommes que nous avions envoyés pour cette affaire revinrent aussitôt dans leur pays.

Le roi Gontran fit marcher une armée en Septimanie. Le duc Austrovald étant arrivé à Carcassonne fit prêter serment au peuple, et le soumit à la puissance du roi. Le roi envoya Boson et Antestius pour se rendre maîtres des autres cités. Celui-ci arriva plein d’orgueil, méprisant le duc Austrovald, et le blâmant d’avoir osé, sans lui, entrer dans Carcassonne. Il y marcha avec les gens de Saintes, de Périgueux, de Bordeaux, d’Agen et de Toulouse. Comme il s’avançait ainsi plein d’arrogance, les Goths, avertis, se