Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait faite son frère Bertrand, disant : « Mon frère m’a donné telle et telle chose. » Sa mère, ne reconnaissant pas la donation, et voulant tout reprendre pour elle, envoya des gens qui brisèrent les portes de la maison de sa fille, et enlevèrent tout ce qu’elle avait, ainsi que la donation. Elle fournit ensuite elle-même, en quelque sorte, la preuve de ce fait, en restituant, lorsqu’elle y fut contrainte, sur la demande de sa fille, plusieurs des choses qu’elle avait enlevées. Moi et mon confrère Mérovée ayant souvent reçu des lettres du roi pour que nous eussions à pacifier cette affaire, Berthegonde se rendit à Tours. Comme elle fut mise en jugement devant nous, nous l’obligeâmes, autant qu’il nous fut possible, à se conformer à la raison ; mais rien ne put fléchir sa mère : violemment irritée, elle se rendit auprès du roi pour déshériter sa fille des biens de son père, et ayant exposé l’affaire devant le roi et en l’absence de sa fille, il fut décidé qu’elle restituerait un quartxxxix à sa fille, et en conserverait trois en commun avec ses petits-fils qu’elle avait d’un de ses fils. Le prêtre Teuthaire qui, autrefois référendaire du roi Sigebert, était récemment entré dans le clergé, et y avait reçu les honneurs de la prêtrise, fut nommé pour exécuter ce partage, ainsi qu’il avait été ordonné par le roi ; mais la fille s’y refusant, il n’y eut point de partage de fait, et la querelle ne fut point apaisée.

Rigonthe, fille de Chilpéric, tenait souvent des discours contre sa mère, se prétendait la maîtresse, et disait que sa mère devait la servir, l’accablant continuellement d’un grand nombre d’injures, en sorte qu’elles se battaient souvent à coups de poings et avec