Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/57

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des soufflets. Sa mère enfin lui dit : « Pourquoi me tourmentes-tu, ma fille ? Voilà les trésors de ton père que j’ai en ma puissance, prends-les, et fais-en ce qu’il te plaira ; » et étant entrée dans le cabinet du trésor, elle ouvrit un coffre rempli de colliers et de joyaux précieux, et après en avoir tiré pendant longtemps diverses choses qu’elle remettait à sa fille qui était là présente, elle lui dit : « Je suis fatiguée, mets la main dans le coffre, et sors-en ce que tu trouveras. » Celle-ci ayant, enfoncé son bras dans le coffre pour en tirer des effets, sa mère prit le couvercle, et lui en frappa la tête ; puis, le pressant de toutes ses forces, elle lui serrait la gorge contre la planche inférieure, de telle sorte que les yeux étaient prêts à lui sortir de la tête. Une servante qui était dans le cabinet, se mit à crier de toutes ses forces en disant : « Accourez, je vous prie, accourez ; voilà ma maîtresse que sa mère étrangle. » Aussitôt ceux qui étaient restés devant la porte, attendant qu’elles sortissent, se précipitèrent vers le cabinet, et, sauvant Rigonthe d’un péril imminent, la conduisirent dehors. Après cela, il s’engendra entre elles de violentes inimitiés ; et surtout à cause des adultères auxquels se livrait Rigonthe, il y avait sans cesse entre elles des querelles et des coups.

Bertrude[1] xl, en mourant, institua sa fille son héritière, léguant quelque chose au monastère de filles qu’elle avait institué, et aux églises et basiliques des saints confesseurs. Mais Waddon, de qui nous avons parlé dans un livre précédent [VI & VII], se plaignait que le

  1. Femme du duc Launbod, qui avait fait construire à Toulouse l’église de Saint-Saturnin.