Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/58

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gendre de Bertrude lui eût enlevé ses chevaux, et voulait aller à une métairie dont avait hérité sa fille, et qui se trouvait sur le territoire de Poitiers, disant : « Celui-ci est venu d’un autre royaume, et m’a enlevé mes chevaux ; je lui prendrai sa métairie. » Il envoya des ordres au régisseurxli pour qu’il préparât tout ce qui était nécessaire à sa venue et sa dépense. Le régisseur alors assembla les gens de la maison et se prépara au combat, en disant : « Waddon n’entrera pas, moi vivant, dans la maison de mon maître. » La femme de Waddon, apprenant qu’on se préparait au combat contre son mari, lui dit : « N’y va pas, cher époux, car si tu y vas, tu mourras, et moi je demeurerai misérable avec tes fils ; » et le saisissant de ses mains, elle voulait le retenir. Son fils lui disait aussi : « Si tu y vas, nous mourrons tous les deux, et tu laisseras ma mère veuve et mes frères orphelins. » Mais, ne se laissant nullement arrêter par ces paroles, et enflammé de fureur contre son fils qu’il nommait lâche et poltron, il lui lança sa hache, dont il aurait eu la tête rompue si, s’étant jeté de côté, il n’eût évité le coup qui l’allait frapper. Tous deux étant donc montés à cheval envoyèrent de nouveaux ordres au régisseur pour qu’il balayât la maison, et couvrît les bancs de tapis ; mais lui, ne faisant aucune attention à ces ordre, se plaça, comme nous l’avons dit, avec tous les hommes et les femmes de la maison, devant la porte de son maître, pour attendre la venue de Waddon. Celui-ci, en arrivant, entra sur-le-champ dans la maison, et dit : « Pourquoi ces bancs ne sont-ils pas couverts de tapis ? Pourquoi la maison n’est-elle pas balayée ? » Et levant sa hache, il en frappa la tête