Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/70

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l’été suivant Chrodielde partit de Tours, laissant à sa cousine les autres religieuses, et alla trouver le roi Gontran ; il la reçut, l’honora de présents, et elle revint à Tours, laissant, dans le monastère d’Autun, Constantine fille de Burgolin, pour y attendre les évêques à qui le roi avait donné ordre de venir examiner ses différends avec l’abbesse. Cependant, avant qu’elle revint d’auprès du roi, plusieurs de ses religieuses, circonvenues par diverses gens, étaient entrées dans les liens du mariage. Comme elles attendaient l’arrivée des évêques, ne les voyant pas venir, elles retournèrent à Poitiers, et cherchèrent un asile dans la basilique de Saint Hilaire, où elles rassemblèrent autour d’elles des voleurs, des meurtriers, des adultères et des criminels de toute sorte, se préparant au combat, et disant : « Nous sommes reines et ne rentrerons pas dans notre monastère que l’abbesse n’en soit chassée. »

Il y avait dans ce monastère une recluse, qui peu d’années auparavant, s’étant jetée du haut de la muraille, avait été se réfugier dans la basilique de Saint-Hilaire, vomissant contre l’abbesse beaucoup d’accusations que nous reconnûmes être fausses ; mais ensuite remontée dans le monastère avec des cordes par l’endroit où elle s’était précipitée, elle demanda à être renfermée dans une cellule secrète, disant : « Parce que j’ai beaucoup péché contre Dieu et contre madame Radegonde (qui vivait encore ente temps-là), je veux me séparer tout à fait de la société de cette congrégation, et faire pénitence de l’oubli de mes devoirs. Je sais que le Seigneur est plein de miséricorde, et remet les péchés à ceux qui les