Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/90

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vald prit la droite avec ses ducs, et vint à la ville de Milan. Ils placèrent leur camp dans la campagne, au-dessus de cette ville ; mais Olon, un de ces ducs, s’étant approché imprudemment de Bellinzone, château dépendant de cette ville et situé dans les champs Canini[1] xiv, fut frappé d’un trait sur la paupière, et tomba mort. Ceux qui étaient sortis du camp pour aller au butin et tâcher de se procurer quelques vivres, furent en divers lieux attaqués et tués par les Lombards. Il y avait dans le territoire de la ville de Milan un lac appelé Corèse[2] xv, d’où sort une petite rivière étroite mais profonde ; ils avaient appris que les Lombards étaient campés sur le bord de ce lac ; comme ils s’en approchaient, avant qu’ils passassent la rivière dont nous avons parlé, un des Lombards couvert de son casque et de sa cuirasse, debout sur le rivage et la lance à la main, éleva la voix vers l’armée des Francs, disant : C’est aujourd’hui qu’on verra à qui Dieu veut accorder la victoire. D’où il y a lieu de croire que, selon qu’il réussirait, ce guerrier devait servir aux Lombards comme de présagexvi. Un petit nombre de Francs passèrent la rivière, combattirent contre le Lombard et le tuèrent, et voilà que toute l’armée des Lombards prit la fuite. Les Francs ayant passé la rivière n’en trouvèrent plus aucun, mais reconnurent seulement la place de leur camp, et le lieu où ils avaient

  1. Partie de l’ancienne Rhétie qui forme aujourd’hui le canton du Tésin ou la Suisse italienne.
  2. Coresium ; peut-être faut-il lire Comesium, et appliquer ce passage au lac de Côme, situé en effet dans le territoire de Milan et traversé par l’Adda. Il s’appelait d’abord lacus Larius ; il a pris de la ville de Côme (Comum), bâtie à son extrémité méridionale, son nom nouveau qu’il portait peut-être déjà du temps de Grégoire de Tours.