Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/91

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fait des feux et placé des tentes. Ils retournèrent à leur camp sans en avoir pris un seul ; il leur vint en ce lieu des envoyés de l’empereur pour leur annoncer qu’une armée arrivait à leur secours. « Elle arrivera, dirent-ils, dans trois jours. Vous reconnaîtrez sa venue à ce signal : quand vous verrez ce village situé sur la montagne, embrasé par les flammes, et que la fumée de l’incendie s’élèvera jusqu’au ciel, vous saurez que nous arrivons avec l’armée qui vous est promise. » Ils attendirent, comme il avait été convenu, pendant six jours, et ne virent arriver personne.

Cédin, étant entré avec treize ducs dans la partie gauche de l’Italie, y prit cinq châteaux, et exigea le serment des habitants. La dysenterie ravageait déjà cruellement son armée, parce que l’air du pays était contraire à ses gens qui n’y étaient pas accoutumés, en sorte qu’il en mourut plusieurs. Mais le vent s’étant élevé et la pluie étant survenue, l’air commença à se rafraîchir un peu, et apporta du soulagement à la maladie. Que dirai-je de plus ? Ils parcoururent l’Italie pendant plus de trois mois sans y rien gagner et sans pouvoir prendre vengeance de leurs ennemis qui se renfermaient dans des lieux très bien fortifiés. Ils ne purent non plus prendre le roi qui s’était mis en sûreté dans les murs de Pavie, et n’eurent aucun moyen d’en tirer vengeance. L’armée donc, malade, comme nous l’avons dit, à cause de l’insalubrité de l’air, et exténuée par la famine, se prépara à retourner dans son pays, soumettant à la puissance du roi les lieux qu’avait possédés son pèrexvii, où l’on fit prêter serment, et d’où l’on emmena des captifs et du butin. En s’en retournant, les Francs furent tellement tourmentés par la disette,