Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/130

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qui, au moment où il ouvrait les trésors de son père. Je ne suis nullement complice de ces choses. Je ne puis répandre le sang de mes parens, car cela est défendu ; mais, puisque ces choses sont arrivées, je vous donne un conseil, s’il vous est agréable, acceptez-le. Ayez recours à moi, mettez-vous sous ma protection. » Le peuple répondit à ces paroles par des applaudissemens de main et de bouche, et, l’ayant élevé sur un bouclier, ils le créèrent leur roi. Clovis reçut donc le royaume et les trésors de Sigebert et les ajouta à sa domination. Chaque jour Dieu faisait tomber ses ennemis sous sa main et augmentait son royaume, parce qu’il marchait le cœur droit devant le Seigneur et faisait les choses qui sont agréables à ses yeux cxii.

Il marcha ensuite contre le roi Chararic[1] cxiii. Dans la guerre contre Syagrius, Clovis l’avait appelé à son secours ; mais Chararic se tint loin de lui et ne secourut aucun parti, attendant l’issue du combat pour faire alliance avec celui qui remporterait la victoire. Indigné de cette action, Clovis s’avança contre lui, et, l’ayant entouré de piéges, le fit prisonnier avec son fils, et les fit tondre tous deux, enjoignant que Chararic fût ordonné prêtre et son fils diacre. Comme Chararic s’affligeait de son abaissement et pleurait, on rapporte que son fils lui dit : « Ces branches ont été coupées d’un arbre vert et vivant, il ne se sèchera point, et en poussera rapidement de nouvelles. Plaise à Dieu que celui qui a fait ces choses ne tarde pas davantage à mourir ! » Ces paroles parvinrent aux oreilles de Clovis, qui crut qu’ils le menaçaient de laisser croître

  1. Chef Franc établi à Térouanne.