Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/253

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siège et envahis-tu mon église ? Pourquoi disperses-tu les brebis qui m’avaient été confiées ? Va-t-en ; abandonne ce siège, éloigne-toi de ce pays. » Et disant ces mots, il poussa vigoureusement contre sa poitrine une verge qu’il tenait à la main. Comme Pappole s’éveillait, cherchant à penser ce que ce pouvait être, une crampe se fixa en ce lieu, lui faisant éprouver une vive douleur. En cette angoisse, il prit horreur de la nourriture et de la boisson, et vit la mort s’approcher de lui ; que dirai-je de plus ? Le troisième jour le sang lui sortit par la bouche et il expira ; on le transporta et on l’ensevelit à Langres. On nomma évêque à sa place l’abbé Mummole [Mummolus] surnommé le beau, que beaucoup ont célébré avec de grandes louanges comme chaste, sobre, modéré, très diligent en toutes les bonnes œuvres, ami de la justice, adonné de toutes ses forces à la charité. Parvenu à l’épiscopat, comme il sut que Lampade avait dérobé une grande quantité des biens de l’église, et que, des dépouilles des pauvres, il avait acquis des champs, des vignes et des esclaves, il le chassa de sa présence, dénué de tout ; et celui-ci, tombé dans ta plus grande pauvreté, est maintenant obligé de gagner sa nourriture par le travail de ses mains. Mais en voilà assez sur ce point.

Pendant l’année dont nous venons de parler, c’est-à-dire, celle où, après la mort de Sigebert, son fils Childebert commença à régner, il se fit au tombeau du bienheureux Martin beaucoup de prodiges que j’ai écrits dans le livre que j’ai essayé de composer sur ses miracles xviii ; et, bien qu’en un discours sans art, je me crois obligé de rapporter ce que j’ai vu moi--