Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/281

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ce temps Salone fut fait évêque de la ville d’Embrun, et Sagittaire de la ville de Gap ; mais, parvenus à l’épiscopat et se trouvant livrés à eux-mêmes, ils commencèrent à s’abandonner, avec une fureur insensée, aux dévastations, aux voies de fait, au meurtre, à l’adultère et à divers crimes. En ce temps Victor, évêque de Saint-Paul des Trois-Châteaux [Drome], célébrant la fête de sa naissance, ils envoyèrent une troupe qui tomba sur lui à coups d’épée et de flèches. Ces hommes déchirèrent ses vêtements, blessèrent ses serviteurs, et, emportant les vases et tout l’appareil du festin, laissèrent l’évêque couvert d’outrages. La chose ayant été porté devant le roi Gontran, il ordonna qu’il fût assemblé un synode dans la ville de Lyon lx ; les évêques réunis au patriarche lxi le bienheureux Nicet, et la cause discutée, ils trouvèrent les deux évêques grandement coupables de ce dont ils étaient accusés, et ordonnèrent que, pour avoir commis de telles choses, ils fussent dépouillés de la dignité épiscopale ; mais ceux-ci, connaissant que le roi leur était favorable, allèrent à lui et l’implorèrent, disant qu’ils avaient été injustement dépouillés, et le priant de leur accorder la permission de s’en aller vers le pape de la ville de Rome. Le roi leur accorda leur demande, et leur donna, par lettres expresses, la permission de se rendre à Rome. Eux, arrivés devant le pape Jean [Jean III, de 559 à 572], exposèrent leur affaire comme s’ils eussent été dépouillés sans aucun motif. Le pape adressa donc au roi des lettres portant injonction de les rétablir dans leurs siéges lxii. Le roi accomplit sans retard cette injonction, après les avoir cependant vivement maltraités de parole ; mais ce