Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/282

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qu’il y a de fâcheux, c’est qu’il n’en résulta aucun amendement. Cependant ils demandèrent la paix à l’évêque Victor, et lui remirent les gens qu’ils avaient fait courir sur lui ; mais lui, se rappelant le précepte du Seigneur, de ne pas rendre à ses ennemis le mal pour le mal, les renvoya libres sans leur avoir fait éprouver aucun mauvais traitement. Et, à cause de cela, il fut par la suite privé de la communion, pour avoir épargné en secret les ennemis qu’il avait accusés publiquement, et sans demander l’avis de ses confrères, devant lesquels il les avait accusés. Mais, par la faveur du roi, il fut de nouveau reçu à la communion. Les autres cependant se livraient tous les jours aux plus grands forfaits, et, comme nous l’avons déjà raconté, dans le combat que Mummole soutint contre les Lombards, ils se couvrirent d’armes connue des laïques, et tuèrent beaucoup de Lombards de leur propre main. Ils tournaient aussi leur cruauté contre plusieurs de leurs concitoyens, les faisant frapper de coups de bâton jusqu’à effusion de sang, d’où il arriva que la clameur populaire parvint de nouveau jusqu’au roi, et le roi ordonna qu’on les amenât devant lui. Lorsqu’ils furent venus, il ne voulut pas qu’ils parussent à ses yeux, ordonnant, avant de leur donner audience, qu’on examinât s’ils étaient dignes d’être admis en la présence royale. Mais Sagittaire, vivement irrité, prenant la chose fort à cœur, comme il était vain, léger d’esprit et abondant en paroles déraisonnables, commença à déclamer beaucoup contre le roi, et à dire que ses fils ne pouvaient posséder son royaume, parce que leur mère avait été prise parmi les servantes de