Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/299

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lance ; et comme il vivait encore, il lui fit attacher les mains derrière le dos ; on le suspendit à un poteau, et là il chercha à lui faire avouer s’il avait eu part à cette affaire. Tandis que le prêtre le niait, le sang sortit avec abondance de sa blessure, et il rendit l’esprit. L’évêque irrité ordonna qu’on interdît au comte les portes de l’église. Les évêques s’étant assemblés dans la ville de Saintes lxxxvi, Nantin demanda que l’évêque lui accordât la paix, promettant de rendre tous les biens de l’église dont il s’était emparé sans en avoir le droit, et de se montrer humble envers les évêques. Héraclius, voulant céder aux injonctions de ses confrères, accorda tout ce qu’il désirait de lui, et, recommandant la cause des prêtres au Dieu tout-puissant, consentit de se réunir au comte par les liens de la charité. Celui-ci, revenu à la ville, dépouilla, abattit et rasa les maisons qu’il avait injustement envahies, disant : « Si l’Église reprend ces biens, qu’au moins elle les retrouve dévastés. » L’évêque, irrité de nouveau par cette conduite, lui refusa la communion. Pendant que tout cela se passait, le bienheureux pontife, qui avait accompli le cours de sa vie, alla rejoindre Dieu. Nantin intercéda auprès des autres évêques par des présents et des flatteries, et il en obtint la communion ; mais, peu de mois après, saisi de la maladie dont j’ai parlé, il se sentit brûler par une grande fièvre, et il s’écriait, disant : « Hélas ! hélas ! l’évêque Héraclius me brûle, il me tourmente, il m’appelle en jugement ; je connais mon crime, je me rappelle les injustes outrages que j’ai fait éprouver au pontife. J’implore la mort pour ne pas souffrir plus longtemps un pareil tourment. » Et, tandis qu’il s’écriait ainsi dans la vio-