Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/431

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consacrées, selon la coutume des Francs, pour qu’ils n’essuyassent aucune injure, et qu’ils revinssent avec la réponse, après avoir exposé le sujet de leur députation. Mais ces députés eurent l’imprudence, avant d’être admis en présence du roi, d’expliquer à beaucoup de gens ce qu’ils venaient demander. La nouvelle en étant aussitôt parvenue au roi, on les amena devant lui chargés de chaînes. N’osant lui cacher ce qu’ils demandaient ni vers qui et par qui ils étaient envoyés, ils lui dirent : « Gondovald arrivé dernièrement de l’Orient, se dit fils du roi Clotaire, votre père, et nous a envoyés vers vous pour recouvrer la portion de son royaume qui lui est due. Si vous ne la lui rendez pas, sachez qu’il viendra dans ce pays avec une armée ; car les hommes les plus braves du pays situé au-delà de la Dordogne, se sont joints à lui ; et il parle ainsi : Dieu jugera, lorsque nous en viendrons aux mains sur le champ de bataille, si je suis ou non fils de Clotaire. » Alors le roi, enflammé de fureur, ordonna qu’on les étendît avec des poulies, et qu’on les frappât fortement de verges, si bien que, si ce qu’ils disaient était vrai, on le sût positivement, et que s’ils cachaient encore dans leur cœur quelque artifice, la violence des tourments leur en arrachât l’aveu. Livrés à ces supplices toujours croissants, les députés dirent que la fille du roi Chilpéric [Rigonthe] avait été envoyée en exil avec Magnulf, évêque de Toulouse ; que tous les trésors avaient été enlevés par Gondovald ; que tous les grands du roi Childebert l’avaient engagé à se faire roi, et qu’entre autres, quelques années auparavant, lorsque Gontran Boson était allé à Cons-