Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/432

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tantinople, c’était lui qui l’avait invité à passer dans les Gaules.

Le roi ayant fait battre et emprisonner les députés, manda son neveu Childebert, afin que, réunis ensemble, ils entendissent ces hommes. Les ayant donc interrogés ensemble, ceux-ci répétèrent aux deux rois ce qu’ils avaient dit au roi Gontran seul. Ils affirmaient constamment que cette affaire était connue, comme nous l’avons dit, de tous les seigneurs du royaume de Childebert. Aussi quelques-uns de ces derniers, qu’on croyait enveloppés dans cette affaire, craignirent de se rendre à cette assemblée. Alors le roi Gontran ayant mis sa lance xxvii dans la main du roi Childebert, lui dit : « C’est la marque que je te donne tout mon royaume. Maintenant va, et soumets à ta domination toutes ces cités comme les tiennes propres. Les crimes ont fait qu’il ne reste de ma race que toi qui es le fils de mon frère xxviii. Je déshérite les autres ; sois mon héritier pour me succéder dans mon royaume. » Alors, ayant fait retirer tout le monde, il prit le jeune roi en particulier et lui parla en cachette, lui ayant auparavant expressément recommandé de ne divulguer à personne ce secret entretien. Alors il lui indiqua quels étaient les hommes dont il devait rechercher ou mépriser les conseils, ceux à qui il devait se confier ou qu’il devait éviter, ceux qu’il devait combler de dons et de charges ou éloigner des dignités. Il lui enjoignit de ne se confier en aucune manière à Ægidius, évêque de Reims, qui avait toujours été son ennemi, et de ne point le garder auprès de lui, parce qu’il avait souvent été parjure à son père et à lui. Ensuite, s’étant