Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/443

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mander ce qu’étaient devenus les trésors qu’il avait amassés. Sachant que son mari était tué, et que tout leur orgueil était tombé par terre, elle découvrit tout, et déclara qu’il y avait encore dans la ville d’Avignon de grandes sommes d’or et d’argent qui n’étaient pas venues à la connaissance du roi. Gontran envoya aussitôt des hommes chargés de les lui apporter, et de lui amener aussi un serviteur en qui Mummole se fiait beaucoup, et à qui il les avait remis. Ces hommes s’étant rendus à Avignon, prirent tout ce qu’on avait laissé dans la ville. On rapporte qu’il y avait deux cent cinquante talents d’argent, et plus de trente talents d’or. On dit que Mummole les avait enlevés d’un ancien trésor. Le roi les ayant partagés avec son neveu Childebert, distribua presque toute sa part aux pauvres, ne laissant à la femme de Mummole que ce qu’elle avait eu de ses parents.

On amena aussi au roi le serviteur de Mummole, qui était d’une si grande taille qu’il dépassait, dit-on, de deux ou trois pieds les plus grands. C’était un charpentier, il mourut peu après.

Ensuite les jugesxl rendirent un arrêt de condamnation contre ceux qui avaient négligé de se rendre à cette expédition. Le comte de Bourges [Ollon] envoya ses serviteurs pour qu’ils dépouillassent, sur les terres de l’église de Saint-Martin qui est située dans ce territoirexli, les hommes qui se trouvaient dans ce cas. Mais l’agent de cette église commença à leur résister fortement, en disant : Ce sont les hommes de saint Martin : ne leur faites aucun mal, car ils n’avaient pas coutume de marcher pour de telles affaires[1]xlii. Ils lui

  1. Aucune loi générale n’affranchissait du service militaire les hommes