Page:Guizot - Sir Robert Peel, 1859.djvu/13

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guère plus qu’un, qui s’appela les royalistes. »

Ce n’était pas assez, pour M. Peel, de faire de son fils un tory ; son ambition et sa confiance portaient plus loin : « Il avait, a dit de lui le démagogue Cob« bett, le pressentiment qu’il fonderait une famille. » Ce bourgeois enrichi par le travail et l’économie savait faire, pour sa cause, de grands sacrifices, et poursuivre avec patience ses désirs d’élévation pour ses enfants. Il donna un jour 10,000 livres sterling (250,000 francs) dans une souscription ouverte pour soutenir la politique de M. Pitt, et voua pour ainsi dire dès l’enfance son fils à être non-seulement un partisan comme lui, mais un continuateur de M. Pitt, un autre grand ministre au service des principes et des intérêts conservateurs de son pays. Il poursuivait ce désir avec une passion si persévérante que, tous les dimanches, en revenant de l’église, il voulait que l’enfant, debout sur une table, répétât le sermon qu’il venait d’entendre, pensant qu’il ne pouvait lui imposer trop tôt ces forts exercices de la mémoire et de la parole qui aident si efficacement à former les grands orateurs. Que de sentiments divers et combattus auraient agité M. Peel s’il eût entrevu dans l’avenir son fils aussi grand, aussi puissant qu’il l’eût jamais osé prétendre, mais faisant souvent de son pouvoir un bien autre usage que son père ne l’eût souhaité ! Frappant exemple des combats que se livrent, au sein des familles comme dans l’État, l’esprit de tradition et l’esprit de liberté, et aussi des mécomptes qui peuvent s’unir, dans le cœur d’un